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3 questions à mon psy : quand la médiation rétablit du lien dans l’équipe

3 questions à mon psy : quand la médiation rétablit du lien dans l’équipe

Interview de Nicolas Dupuis, Psychologue social, membre du réseau Geo-Psy

1. Pour quel type de problématique un collectif peut-il faire appel à un psychologue médiateur ?

La médiation permet, dans une situation de crise entre individus ou entre groupes d’individus, de rétablir du lien. Il s’agit, pour le collectif, de comprendre les contradictions avec l’aide d’un tiers et d’apprendre à les gérer (Stimec, Adijès, 2015). Le psychologue médiateur peut intervenir en cas de désaccord, de conflit hiérarchique, de conflit d’intérêts, de harcèlement ou encore de rupture de contrat de travail. La médiation peut également être envisagée dans la construction de projets ou dans les relations entre collectivités, citoyens et associations. Elle a pour objectif de rétablir le lien de confiance en cas de crise, ainsi que de l’entretenir ou le renforcer lors de constructions de projets qui nécessitent une forte cohésion dans les équipes.

La confiance est essentielle dans l’entreprise. Elle mêle sentiment de sécurité et fiabilité dans les interactions au sein d’un groupe. Il est nécessaire de la favoriser ou de la rétablir, surtout en cas de forte conflictualité entre les collaborateurs (Le Flanchec, Rojot, Voynnet Fourboul, 2006). Cela est encore plus valable dans les problématiques d’innovations sociales ou techniques, où la médiation préventive est particulièrement plébiscitée pour renforcer la confiance et la cohésion dans les équipes. En effet, certaines procédures demandent une implication personnelle conséquente et chronophage à cause de ressources humaines et financières dédiées limitées, sources de tensions. La médiation permet de soutenir psychologiquement les personnes dans les efforts réalisés et l’établissement d’une communication efficace entre les individus et les structures concernées pour faire face aux tensions. Elle prévient également des crises délétères pour les personnes impliquées et les réalisations collectives.

2. Quels sont les prérequis nécessaires pour assurer le bon déroulement de la procédure et comment mettez-vous la médiation en place au sein d’un collectif ?

Les prérequis nécessaires sont avant tout une prise de conscience du besoin d’accompagnement, de préférence avant ou lorsque de premières tensions entre personnes ou groupes de personnes apparaissent. En effet, pour engager une médiation, la participation de chacun dans le dispositif et le processus doit être consentie, sous la forme d’un contrat oral ou écrit entre les personnes et le médiateur (Gasseau, 2010). Dans le cas contraire, son efficacité sera limitée. La mise en place de la médiation au sein d’un collectif nécessite des rencontres réparties dans le temps pour permettre un suivi, ainsi qu’un soutien psychologique sur le court, le moyen ou le long terme, en fonction des besoins. Différentes formes de médiations peuvent être proposées : en urgence en cas de crise, ou bien par des rencontres planifiées individuelles et collectives pour le rétablissement et le renforcement du lien et de la cohésion, ou encore sous formes d’ateliers préventifs dans le cas d’anticipation de difficultés. Les ateliers de prévention ou de sensibilisation offrent la possibilité d’explorer en amont diverses techniques de réflexion collective dans le but de mesurer ou d’élaborer des stratégies de communication et de cohésion pour limiter les tensions et les conflits auxquels le collectif pourrait être confronté.

De manière générale, les rencontres peuvent être organisées en entretiens individuels ou collectifs permettant l’échange des points de vue et surtout la prise en compte des opinions et du ressenti de chacun. Elles s’effectuent dans un espace tiers, pour permettre d’autres manières de voir, de fonctionner et d’agir. Le psychologue médiateur offre un cadre neutre et objectif pour la mise en place d’une communication transparente, dans la confidentialité et le respect de l’autre et de ses idées (Lempereur, Colson et Salzer, 2008). Ce cadre est essentiel pour dépasser le conflit et rechercher des solutions de réorganisation. Le travail de médiation est effectué à partir d’outils permettant l’écoute et l’expression pour apprendre à se connaître (écoute empathique, reformulation, gestion du cadre), ainsi que l’élaboration de stratégies de communication adaptées à la configuration du collectif concerné.

 

3. Quelles sont les améliorations observables auprès des collaborateurs suite à une médiation ?

Suite à une médiation, les collaborateurs pourront observer une amélioration du climat social, du niveau de confiance dans les relations entre les différentes parties prenantes, et des capacités à faire face aux tensions dans des projets complexes qui n’auraient pas pu être envisagés auparavant (Le Flanchec, Rojot, Voynnet-Fourboul, 2006). En cas de crise, il s’agira d’un apaisement des tensions et d’une capacité acquise du collectif à davantage considérer les opinions de chacun de ses membres et élaborer des stratégies collectives. Dans le cas d’une médiation de prévention, les collaborateurs auront appris à se connaître, à mettre en place des stratégies de cohésion et de communication et seront ainsi aptes à mener des missions ou des projets de manière plus sereine et en confiance. Dans le cas d’une médiation de renforcement de la cohésion, planifiée sur plusieurs rencontres échelonnées dans le temps, le collectif sera en capacité d’évoluer sur des projets complexes avec l’appui d’un psychologue. L’acquisition d’outils stratégiques pour communiquer efficacement est bénéfique pour anticiper les comportements et le niveau de cohésion nécessaire dans une collaboration. Dans le cas de projet d’innovation, par exemple, les trois types de médiation peuvent s’articuler. Ces projets, complexes et se déroulant sur de longues périodes de temps, nécessitent en effet une préparation et une sensibilisation des collaborateurs pour mieux anticiper les difficultés et faire face aux imprévus et aux retournements de situations, vecteurs de crises parfois traumatiques. Le psychologue médiateur pourra ainsi prévenir des risques sur le fonctionnement des équipes et permettra au collectif d’avoir un repère pour évoluer plus sereinement.

 

Bibliographie :

  • Gasseau, C. (2010). La médiation familiale : processus, dispositif, méthodologie. Connexions, 93(1), 97-108. https://doi.org/10.3917/cnx.093.0097.
  • Le Flanchec, A., Rojot, J. et Voynnet-Fourboul, C. (2006). Rétablir la confiance dans l’entreprise par le recours à la médiation. Relations industrielles, 61, (2), 271–295.https://doi.org/10.7202/014171ar
  • Pekar Lempereur, A., Salzer, J. et Colson, A. (2018). Méthode de Médiation : au cœur de la conciliation, Paris : Dunod.
  • Stimec, A. et Adijes, S. (2015). La médiation en entreprise (4e ed.), Paris : Dunod
Retour de presse : Paroles d’Experts

Retour de presse : Paroles d’Experts

Retour de presse : Geo-Psy dans Paroles d’Experts sur La Tribune !

Notre Président, M. Jean-Pierre Camard, s’est entretenu avec les équipes de La Tribune au sujet de la mise en place de cellules de crise psychologique, l’origine de Pros-Consulte et la genèse de Geo-Psy :

« Ainsi en 2018, les équipes de Pros-Consulte ont fait le constat suivant : il était important de proposer de nouvelles solutions pour répondre aux nouvelles demandes et usages pour prendre en charge les personnes et les collectifs dans leur globalité.

Geo-Psy, c’est donc l’utilisation intelligente des outils numériques pour faciliter la mise en relation entre les psychologues et les demandeurs qu’ils soient un collectif (entreprises, associations, collectivités…) et le grand public »

Pour lire l’article complet, c’est ici !

 

 

Et si on utilisait Instagram pour faire de la prévention et parler de la santé mentale ?

Et si on utilisait Instagram pour faire de la prévention et parler de la santé mentale ?

Alors qu’une étude anglaise, réalisée par la Royal Society for Public Health et le Young Health Movement pointe du doigt Instagram comme étant le  média social le plus néfaste pour la santé mentale des jeunes entre 14 et 24 ans, l’équipe Geo-Psy s’est penché sur la question. Comment mieux utiliser ce média ?  Certes, Instagram tend à mettre l’accent sur l’esthétisme, sur des images se rapprochant de la perfection, impossible à atteindre dans la réalité. Est-ce possible d’inverser la tendance et d’utiliser ce canal de communication pour ouvrir le débat sur la santé mentale, chez les jeunes [et les moins jeunes] en France ?

Le sujet reste pour le moins tabou. La santé mentale, et surtout sa prise en charge, n’est pas généralement pas discutée lors de nos repas de famille, ou notre soirée entre amis. Dans l’inconscient collectif, on pense encore parfois que demander l’aide d’un psychologue fait de nous un « fou ». Le stigmate est encore bien présent : les mères souffrant de post-partum peinent à faire tomber le masque social pour demander de l’aide, l’anxiété, la dépression et le burn out gagnent du terrain, mais on en ignore trop souvent les signes avant-coureurs. Le harcèlement (scolaire, en entreprise, sexuel) est présent dans les médias, mais on peine à entendre les victimes ou à proposer des solutions.

Et si l’on utilisait Instagram pour participer au changement du monde qui nous entoure ? Et si on l’utilisait pour fonder une communauté qui s’entraide, qui partage ses petites victoires et ses trucs sur la santé mentale ? Et si l’on utilisait ce média pour faire de la prévention, pour déstigmatiser, pour fédérer ?

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L’équipe Geo-Psy a pour mission de démoratiser l’accès à du soutien psychologique, de faire en sorte qu’il soit plus facile et rapide d’être mis en relation avec un psychologue diplômé et formé. Nous avons aussi pour mission de faire tomber les aprioris sur la consultation, sur la prise en charge de notre santé mentale. C’est pourquoi nous vous invitons à partager vos histoires, vos citations et vos témoignages avec nous. Avec le #communautégeopsy, nous vous invitons à échanger sur le sujet, parce que c’est en parlant plus de santé mentale que nous pourrons changer les idées reçues.

 

Rejoignez la communauté : https://www.instagram.com/geopsyfrance/

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Psychologue, psychiatre, psychothérapeute, psychanalyste…Qui fait quoi ?

Psychologue, psychiatre, psychothérapeute, psychanalyste…Qui fait quoi ?

Lorsque l’on évoque le terme « psy », l’image qui nous vient à l’esprit est souvent celle du divan. Mais qu’en est-il vraiment ? Est-ce que cette image est bien représentative de ces professions ?

Quels diplômes, parcours, certifications doit-on avoir pour exercer ces différents métiers ? Focus sur les psys !

 

Le Psychologue :

Il existe en France, des psychologues cliniciens, du travail, des psychologues scolaires, chercheurs, des psychologues qui se spécialisent auprès d’enfants, de personnes malades, d’autres qui travaillent dans le milieu judiciaire, ou humanitaire… Mais qu’ont-ils en commun ? Une formation universitaire de 5 années, validée par l’Etat. En effet, les psychologues français doivent être diplômés d’une licence universitaire en psychologie, et d’un Master professionnel de psychologue. Le titre de psychologue est protégé par la loi : les psychologues doivent respecter un Code déontologique, ainsi que s’inscrire au répertoire ADELI, un répertoire qui atteste la validation de leur formation et de l’obtention de leur titre le tout dans l’optique de protéger le public et l’informer sur la profession. Le psychologue a pour mission l’étude scientifique de la structure et du fonctionnement de l’activité mentale et des comportements associés.

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Healthcare concept of professional psychologist doctor consult in psychotherapy session or counsel diagnosis health.

Le Psychiatre :

Quant au psychiatre, c’est en fait un médecin, qui après ses études de médecine, s’est spécialisé dans la psychiatrie ( l’étude des maladies psychiques et troubles psychologiques ) comme ses collègues qui, après leurs années d’études en médecine, se sont spécialisés dans l’ophtalmologie, la pédiatrie, la chirurgie, etc.  Il peut donc prescrire des médicaments. Il peut faire de la thérapie avec ses patients, mais pas necéssairement. Evidemment, ce titre est aussi protégé et réglementé par la loi, reconnu par l’ETAT.

 

Le Psychothérapeute :

Pendant longtemps, on pouvait pratiquer la psychothérapie sans que cela soit réglementé par la législation : depuis quelques années, ce n’est plus le cas. Maintenant, pour pouvoir demander le titre de psychothérapeute , il faut une formation universitaire, soit entre 200 et 400 heures de formation théorique, puis un stage  pratique d’une durée de 2 à 5 mois aussi délivré par une université. Il existe aussi depuis récemment un régistre national des psychothérapeutes.

Le psychothérapeute fait de la thérapie dans le but d’aider un patient à surmonter différentes problématiques. Le psychologue et le psychiatre ne font en revanche par automatiquement de la psychothérapie : mais ces derniers peuvent être psychothérapeutes EN PLUS d’être psychologues et psychiatres ! Ce n’est pas si simple, tout cela… N’est-ce pas ?

Suite à la nouvelle législation réglementant le titre de psychothérapeute, une nouvelle appellation a surgit, ne nécessitant pas de formation spéciale : psychopracticien. Cette appelation n’est donc pas réglementée.

Le Psychanalyste :

Le titre de psychanalyste n’est pas obtenu par une formation académique officielle. Le travail du psychanalyste est  « à un point tel imbriqué dans le vécu, l’histoire, le ressenti du sujet, c’est-à-dire de la personne en analyse, soit tout ce qui en fait une expérience unique et singulière, qu’aucun texte, et surtout pas une loi, ne peut par avance dire ce que doit être et comment faire une psychanalyse. » *.

La discipline a été fondée en 1922 par Sigmund Freud, et elle vise à écouter et analyser le patient, son histoire personnelle, ses rêves, ses émotions, dans le but de traiter les personnes ayant des difficultés d’ordre psychologiques ou névrotiques. Certains psychologues et psychiatres sont donc ( en plus de leurs formations reconnues par l’Etat) aussi psychanalystes, mais on ne peut pas avoir une formation de base de psychanalyste et exercer en tant que psychologue ou psychiatre.

 

Alors… Vous arrivez à y voir plus clair ?

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(* : Ref : https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:UT2J+59001+session04/courseware/52b9a7684746481bba1dc8ff72441d55/0f4274141bf347c38823dedbf5cc8fce/)

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