Un nouvel outil à privilégier, un bouleversement des méthodes de travail, des avis partagés… La téléconsultation a été à l’ordre du jour ces derniers temps et nous avons demandé à Aurélia Gallo, psychologue du travail membre du réseau Geo-Psy, de nous éclairer sur le sujet.
La téléconsultation, un outil de « l’Aujourd’hui » ?
Plus que d’actualité dans le cadre de la période de confinement que nous avons traversé, la téléconsultation a permis de garder le contact avec nos patients, de continuer un suivi alors impossible en cabinet et de répondre à de nouvelles demandes émanant de personnes dans un état de mal-être, d’angoisses, de souffrances psychologiques induit par cette situation brutale et sans précédent pour chacun d’entre nous. La téléconsultation a ainsi été un outil précieux pour rompre l’isolement de personnes en situation de grande détresse psychologique.
Comment a évolué la place de la téléconsultation dans l’activité du psychologue ?
Cette méthode peut soulever un certain nombre de questions et de doutes quant à son efficacité, susciter des interrogations quant aux cadres de la consultation. Comme n’importe quel outil, elle a ses avantages, ses inconvénients et ses limites. La téléconsultation n’a pas vocation à remplacer la consultation au cabinet mais présente beaucoup d’intérêts selon le contexte et la situation, et il serait intéressant de la considérer comme complémentaire. Elle permet d’élargir notre champ d’actions et notre pratique, de proposer aux patients une alternative quand la consultation au cabinet ne peut être envisagée. L’idée est alors de proposer différents modes de suivi grâce aux outils que nous avons à notre disposition sans altérer la qualité et l’efficacité des séances.
Un changement de cadre par rapport à une consultation en cabinet ou à domicile ?
J’ai dû faire face à mes propres réserves avant de proposer cet outil à mes patients ; je m’interrogeais sur la qualité des échanges et sur la relation qui allait s’établir par le biais d’écrans interposés. Je me demandais quels allaient être les impacts d’un tel cadre, je m’interrogeais sur la qualité de l’observation des signes non verbaux. Je craignais une éventuelle perte à la fois quantitative et qualitative de ce type de consultation en ligne par rapport à une consultation « classique ».
La maîtrise des outils numériques
J’ai réalisé que les inconvénients sont assez limités bien qu’ils soient bien évidemment à prendre en compte. Le matériel, tout d’abord ; cela peut paraître une évidence mais il faut s’assurer que chaque partie soit correctement équipé (ordinateur, tablette, smartphone, réseau etc.). La connexion doit être suffisamment efficace de part et d’autre pour éviter tout problème de coupure pendant la séance, de conversation hachurée ou difficilement audible. Il n’est pas utile d’avoir un équipement très onéreux, il faut toutefois s’assurer que l’ordinateur ou la tablette ou le smartphone est assez performant pour offrir une bonne qualité au niveau du son (micro, haut-parleur, casque) et de la vidéo.
L’adaptation nécessaire tant pour le praticien que le patient
Le patient est dans son environnement personnel ce qui peut entraîner quelques désagréments comme le fait d’être sollicité par son entourage, ce qui n’arrive évidemment jamais en cabinet. Il est donc essentiel de poser un cadre dès la prise de rendez-vous : indiquer de choisir un créneau horaire pendant lequel le patient ne sera pas susceptible d’être dérangé, préciser qu’il est recommandé (dans la mesure du possible) de trouver un endroit au calme et sans passage etc. Ce cadre s’applique bien évidemment à nous-même. Pour ma part, je fais également en sorte de faire mes téléconsultations toujours au même endroit afin de pouvoir créer un environnement stable et constant pour le patient avec lequel il pourra devenir plus familier ; je fais ainsi en sorte de minimiser les biais parasites qui pourraient impacter l’attention.
L’efficacité et les avantages de la téléconsultation
Une fois les inconvénients anticipés, il est important de considérer les avantages d’un tel outil. Certaines personnes sont dans l’impossibilité physique de se déplacer (maladie, handicap, …) la téléconsultation leur permet de remédier à cela et de rompre l’isolement. Pour d’autres encore, le cabinet du psychologue peut être anxiogène, ce qui peut entraver la prise du premier rendez-vous, qui nous le savons n’est pas toujours une démarche évidente. La possibilité de réaliser une séance en ligne, dans un environnement qui leur est familier et qui les rassure peut les encourager à envisager la psychothérapie autrement et, par la suite, les inciter à pousser la porte du cabinet. J’ai pu également constater qu’en téléconsultation le nombre de patient qui ne se présentait pas au rendez-vous était quasi nul, contrairement aux 1er rendez-vous en cabinet qui sont plus souvent non-honorés.
La libération de la parole pour le patient est-elle la même ?
Comparativement à une séance en cabinet, j’ai pu constater que les échanges, la quantité du continu et sa richesse sont de même nature et de même qualité qu’en consultation en présentiel. L’observation des signes non verbaux n’est pas plus altérée, même si elle reste basée en priorité sur le visage et qu’il y a tout de même une perte au niveau du reste du corps. Pour autant, cette observation reste un élément important de la téléconsultation. Le déroulé des deux types de consultations est identique.
Téléconsultations et moi
Comme on vient de le voir, il y’a plusieurs raisons qui peuvent justifier la téléconsultation. En plus de mes consultations au cabinet, j’utilise la téléconsultation depuis environ 1 an, pour des particuliers et des entreprises. Je travaille également pour une entreprise avec des salariés répartis sur tout le territoire national, la téléconsultation permet d’annuler tout critère de distance géographique.
Un dernier mot
La téléconsultation permet de prendre en compte des éléments et des situations différentes, de s’adapter à différentes contraintes individuelles, qui sont parfois autant de freins à une consultation en cabinet. Grâce à elle, il est possible de répondre efficacement à tous ces types de situations et ainsi offrir la possibilité d’avoir accès à un suivi psychothérapeutique. Cela s’adresse d’abord à des personnes qui souhaitent l’aide d’un psychologue mais qui ne sont pas en mesure de se déplacer au cabinet, et aussi à des personnes qui trouvent le format de la téléconsultation préférable.
Vous avez déjà entendu parlé de cette phobie du travail ? Cette peur de chercher et/ou de trouver un emploi, ou encore cette incapacité à rester à votre bureau en réaction à l’anxiété que cela provoque ? Êtes-vous concernés par la problématique ? Nous avons demandé à Nathalie Maréchal, psychologue du réseau Geo-Psy, de répondre à nos questions sur l’ergophobie
Nathalie : Quand on parle d’ergophobie…De quoi parle-t-on ?
Le mot ergophobie se décompose en ergo, du grec « ergon » qui signifie travail, et phobie, du grec « phobos » qui signifie « peur panique ». L’ergophobie est caractérisée par la crainte irrationnelle et exagérée du travail. Cette terreur empêche littéralement les personnes d’aller à leur travail ou les oblige à s’arrêter de travailler en cours de journée pour rentrer chez elles. Les personnes savent que leur peur n’est pas rationnelle et pourtant elles sont incapables d’y faire face. La peur les tétanise, les paralyse, les pousse à la fuite ou à l’évitement. La peur persiste même si la personne change d’employeur ou de métier.
Comment se manifeste cette peur de travailler ?
Les symptômes sont divers et individuels et peuvent survenir à tout moment de la journée. Par exemple, le matin au moment du réveil, sous forme de boule au ventre, sur le lieu du travail ou au coucher, par des ruminations. La personne mettra en place toute une stratégie comportementale pour éviter la situation anxiogène. Certaines verront leur fréquence cardiaque augmenter ou elles transpireront excessivement, d’autres auront des nausées, des vertiges, des bouffées de chaleur…Dans les cas extrêmes, ces symptômes peuvent aller jusqu’à une peur de mourir, de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou. D’autres troubles tels que le trouble du sommeil et de l’appétit, les attaques de panique, ou l’irritabilité pouvant aller jusqu’à la dépression peuvent accompagner ce cortège de symptômes.
Quels sont les origines de cette phobie ?
L’origine est toujours liée à l’histoire singulière de la personne. Une estime de soi faible, un manque de confiance en soi, un événement négatif au travail, des échecs professionnels, une surcharge de travail ou encore des récits et croyances autour du travail entendus dans l’enfance sont des raisons qui pourraient expliquer la survenue de ce trouble.
Est-ce que tout le monde est concerné ? Y a -t-il des groupes démographiques plus susceptibles d’être sujets à l’ergophobie, comme par exemple les jeunes diplômés ou les personnes en surcharge de travail ?
Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut être concerné par la peur de travailler à un moment ou un autre de sa vie, qu’il s’agisse de jeunes diplômés, d´actifs plus expérimentés, ou de personnes au chômage depuis un certain temps. Le trouble psychologique chez la personne ergophobique se traduit par une anxiété à l’idée de travailler, de chercher un travail ou peut survenir sur le lieu même de travail.
Quelles stratégies pouvons-nous mettre en place pour remédier à cette phobie, ou du moins pour la contrôler ? Est-ce possible de s’en sortir et de retrouver un rapport au travail plus serein ?
Un travail sur soi est nécessaire pour arriver à donner moins d’emprise à cette phobie. Se faire accompagner par un psychologue ou un psychiatre est vivement conseillé. Divers outils thérapeutiques sont à disposition et peuvent aider à faire face cette peur. Pour n’en citer que quelques-uns :
La prise de médicaments est efficace pour agir sur les manifestations de l’anxiété et les attaques de paniques en lien avec l’ergophobie. Néanmoins, un accompagnement thérapeutique sera nécessaire car les médicaments seuls n’aideront pas à comprendre et à dépasser la cause de la phobie.
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Il s’agit d’une thérapie brève qui vise à une désensibilisation de la peur en expérimentant des nouveaux comportements plus adaptés à la situation de stress.
- La psychanalyse pour dépasser la peur du travail
En psychanalyse, la phobie est l’expression d’un conflit caché dans le subconscient qui n’est que la conséquence de l’histoire de l’individu. Le travail consistera à identifier les causes de cette phobie, les facteurs déclencheurs, les stratégies d’évitement mises en place pour inscrire progressivement de nouveaux schémas de pensée.
- Surmonter sa peur par la médecine douce et les thérapies alternatives
L’hypnose est une bonne indication pour tous les comportements anxieux. L’EMDR, Eye Movement Desensitization and Reprocessing, la méditation, la phytothérapie sont d’autres voies pour soulager les phobies.
Sources :
https://www.phobie.com/reconnaitre-les-symptomes-de-lergophobie/
https://psychotherapie.ooreka.fr/astuce/voir/634521/l-ergophobie-ou-la-peur-de-travailler
https://www.penser-et-agir.fr/phobie-du-travail/
L’équipe Geo-Psy a demandé à Sophie Jabot, psychologue du réseau, de répondre à nos questions sur la gestion du stress au travail :
- Sophie, comment se manifeste généralement le stress vécu au travail chez les individus ? Y’a-t-il un bon et un mauvais stress dans le cadre du boulot ?
Naturellement, le stress n’est ni bon ni mauvais. C’est juste un élément qui se manifeste et qui va être ressenti par l’individu. En fonction du vécu, du « monde intérieur » de chacun, il va être perçu comme toxique ou motivant. Il n’y a ni bon ni mauvais stress, il y a le facteur stress et chacun a son propre ressenti vis à vis de celui-ci. Pour certains, une remarque de son N+1 sera de l’ordre du challenge, pour d’autres ce sera une phrase frustrante et provoquant de l’inhibition et pour une troisième catégorie, elle n’aura même pas été entendue.
Les réponses classiques sont de trois ordres : la fuite, l’attaque, se figer.
Le stress, qu’il soit au travail ou dans d’autres configurations se manifestent de différentes manières. Dans tous les cas les alertes physiques et physiologiques sont précurseurs. Lorsqu’il devient pesant (stress aigu ou chronique), de multiples symptômes apparaissent : Fatigue, sommeil perturbé, blocages du dos ou douleurs à l’estomac, troubles musculo-squelettiques, maux de têtes, manifestations dermatologiques, maladies à répétitions (le stress fait baisser les défenses immunitaires), douleurs abdo, toutes les parties du corps peuvent être atteintes…
Si les stresseurs perdurent, s’ajoutent les manifestations psychologiques : ruminations, troubles de l’humeur, émotions exacerbées, crises d’angoisses, anxiété, peurs, phobies, mal-être, reviviscence de scènes traumatiques, pathologies psychiques, idées noires….
En découlent des difficultés de concentration, des erreurs dans le travail, un ralentissement ou une agitation dans l’exercice de ses activités, un repli sur soi-même, une dévalorisation de ses compétences, un travail qualitatif de moins bonne qualité alors que le temps passé au travail pourra être supérieur.
- Face à ces situations, sommes-nous égaux ? Pouvons-nos mettre en place des actions ou des stratégies pour nous protéger des effets néfastes du stress au travail ?
Tout comme la santé ou nos seuils de limites à supporter la douleur physique, nous ne sommes pas égaux face au stress. Notre capacité à y répondre dépend de multiples facteurs personnels et environnementaux. Tout dépend de notre stock de ressources et de la quantité, intensité de stress qui contrebalance. Cependant, nous avons tous la possibilité de mettre en place des stratégies pour contrecarrer les effets que nous considérons toxiques face au stress au travail. Ainsi, connaître nos ressources personnelles et notre stock de bonus environnementaux (famille,amis, collègues, supérieurs) permet de faire un état des lieux (check list) de nos possibilités.
Nous avons tous des routines de vie et des stratégies d’adaptations privilégiées.Il s’avère que l’humain aime bien s’économiser et pour des raisons pratiques et de simplicité, nous allons reproduire voire dupliquer une solution et ce, quelle que soit la situation rencontrée (même si avec un peu de réflexion, cette solution n’est pas optimale, elle reste à nos yeux économique car bien rodée dans nos habitudes). Nous pouvons donc, bien entendu mettre des stratégies de lutte contre le stress, à condition que ces dernières soient efficaces et que le remède ne soit pas pire que le mal. Les individus déploient parfois beaucoup d’énergie à s’en sortir mais faute de stratégies adaptées, ils continuent de s’épuiser, d’où l’intérêt d’identifier comment on fonctionne.
- Dans le cas du stress au travail : devrions-nous concentrer nos énergies sur les »ways of coping » centrées sur le problème, ou sur les émotions ?
Empiriquement, les deux voies royales de « ways of coping » sont la stratégie centrée sur le problème (une situation-problème apparaît et je traite le factuel pour aller à la solution) et la stratégie centrée sur les émotions (une situation-problème apparaît et je régule d’abord les émotions qui y sont associées).
Premièrement, cela induit qu’on ait identifié comment on fonctionne… Des tests existent dont la WCC de Lazarus et Folkman permettent d’identifier notre stratégie privilégiée. Mais, il est possible que nous soyons suffisamment souples pour alterner les stratégies et n’oublions pas l’importance (voir l’influence) de l’environnement et du soutien social. Secundo, ces outils sont des supports intéressant à travailler afin d’approfondir notre connaissance sur nous-même et en situation de travail et il est important de les connaître et de les utiliser.
Si ces tests donnent un aperçu, il faut bien comprendre qu’ils ne sont valables qu’à l’instant t et dans le cadre de passation du test. S’y accrocher pour répondre à toutes problématiques, c’est comme vouloir utiliser une bouée de sauvetage y compris au sommet de l’Himalaya…La meilleure des préventions pour lutter contre le stress au travail est de se positionner le plus en amont possible afin d’anticiper et de circonscrire les principaux stresseurs. Il ne faut plus se lancer dans des batteries de questionnaires, tests ou autres démarches de qualité au travail juste pour le decorum mais faire que le travail lui-même (organisation, répartition des tâches, rémunération, recrutement, RH, ligne managériale,) soit qualitatif, à l’écoute et avec des process régulièrement revus. Revenir aux fondamentaux d’une entreprise (des boss qui dirigent, du sens au travail, de l’équité, une rémunération en cohérence avec son activité, respect, politesse,!), c’est déjà de la qualité de vie au travail et donc une limitation des stresseurs qui viennent polluer les compétences de tous les humains constituant une entreprise.
*Merci à Sophie Jabot, psychologue !
Le harcèlement scolaire peut prendre plusieurs formes : insultes, menaces, manipulations, coups, intimidation… En cette période de rentrée scolaire, il est important de communiquer afin de sensibiliser. Geo-Psy a interviewé Cédric Forino, psychologue clinicien, à ce sujet :
1. Existe-t-il un « profil type » d’harceleur ? Une période du cursus scolaire lors de laquelle il y a davantage d’harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire est un sujet sérieux qu’il faut penser tant il peut être complexe, comme pour tout sujet impliquant des relations intersubjectives. Il n’existe pas de profil type de « harceleur » ou de « victime ». Le risque d’être harcelé est encouru à tous les âges : enfance, adolescence et à l’âge adulte. Les seuls éléments à prendre en compte sont les situations au cas par cas. Cependant j’observe dans ma pratique une tendance à la hausse au cyber harcèlement chez les élèves en fin de primaire qui sont de plus en plus équipés de smartphones avec accès à internet ! Parents, veillez à équiper vos enfants, si tel est votre souhait, de forfaits adaptés (voir d’un contrôle parental qui filtrera des mots clés), mais aussi d’évoquer le thème du respect de soi et de l’autre.
2. Comment savoir si nous nous trouvons face à un élève harcelé ? Quels comportements ou symptômes peut-on observer chez les victimes de harcèlement scolaire ?
Il existe ce que l’on appel des signaux faibles que les enseignants ou l’entourage de l’élève peuvent observer :
- Élève isolé.
- Moqué ou agressé physiquement.
- Demandeur de la présence d’adultes lors des temps de pause (parfois).
- Affaires scolaires « oubliés », « perdues » de manière répétitive.
- Passages à l’infirmerie, somatisations.
- Souhaite éviter la récréation pour lire.
- Repli sur soi, dévalorisation, anxiété ou agressivité.
- Troubles de l’alimentation.
- Troubles du sommeil.
3. Quelles réactions avoir face à une victime de harcèlement scolaire ? Face au harceleur ? Existe-t-il des thérapies spécifiques ?
Lorsqu’une situation de harcèlement se produit dans le milieu scolaire, il ne s’agit pas d’appliquer une thérapie à l’élève cible du comportement violent, de même que pour l’élève auteur des faits. Il s’agit en équipe de réagir selon une logique de dialogue, tout en conservant les sanctions, car rappelons que la loi française punit le harcèlement, et considère le cyber harcèlement comme circonstance aggravante. En tant que parents, lorsque nous sommes au courant des faits, il faut contacter l’école afin de rencontrer le personnel éducatif. Pour les enseignants il existe des protocoles établis par l’éducation nationale permettant de débriefer la situation et entendre l’élève cible, les témoins, l’auteur présumé des faits.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’une personne de tout âge ayant été harcelé peut avoir gardé des traces de ce traumatisme et peut nécessiter un travail en psychothérapie pendant, ou par la suite. Il n’y a pas de honte à avoir été harcelé. Il faut également considérer que les situations scolaires prennent place dans un groupe. Le désir de conformité d’un groupe peut pousser les élèves à valider (mais aussi à faire cesser) un harcèlement. Nous devons transmettre à nos enfants ce que représente l’empathie, leur apprendre à se mettre à la place de l’autre et expliquer en s’adaptant à leur âge que dénoncer une situation de harcèlement ce n’est pas trahir la personne ou faire « la balance » mais bien lui venir en aide.
Lorsque l’on parle de stress post-traumatique, souvent (et avec raison!), nous pensons aux militaires. Attention : si le concept a beaucoup été étudié par les médecins, psychologues et psychiatres ayant comme sujets des militaires, le phénomène n’est pas exclusif à des situations de guerre. Nous ne sommes pas à l’abri de vivre une situation traumatique pouvant avoir des conséquences considérables sur notre santé mentale au point de développer un état de stress post-traumatique : accident de la route, altercations physiques entre deux collègues, catastrophe naturelle, vol, maladie de l’un de vos salariés…le trauma peut se manifester par le biais de plusieurs évènements de la vie professionnelle ou personnelle courante.
Mais saviez-vous que l’exposition à la souffrance d’autrui est parfois pire que la perception de sa propre souffrance ? Une récente étude de l’armée norvégienne menée avec la participation de plus de 4 000 soldats ayant participé à la guerre d’Afghanistan met en lumière un étonnant phénomène : « L’étude montre que l’exposition à des menaces personnelles conduit souvent à un développement personnel positif. Ce type de traumatisme peut parfois aider l’individu à mieux apprécier la vie, à se rapprocher de ses proches et à avoir davantage confiance en sa capacité à gérer des situations. En revanche, être exposé à la souffrance de l’autre conduit généralement à des sentiments négatifs, une moindre valorisation de la vie, un retrait social et à une perte de confiance à long terme.» Ainsi, vivre un évènement traumatique personnel peut avoir de lourdes conséquences : être le témoin d’un évènement traumatique et assister à la souffrance des autres pourrait être encore plus compliqué à surmonter dans certains cas. (Source : European Journal of Psychotraumatology June 2019 Danger- and non-danger-based stressors and their relations to posttraumatic deprecation or growth in Norwegian veterans deployed to Afghanistan )
Mettre en place un soutien psychologique suite à un évènement perturbateur non seulement pour les victimes MAIS aussi pour les témoins peut faire une réelle différence sur la façon dont les répercussions se feront ressentir. Chez Geo-Psy, nous sommes convaincus de l’importance du « déchoquage » des témoins d’accident, d’altercation,etc. Faire intervenir un psychologue auprès des témoins d’évènements perturbateurs pour effectuer un defusing dans les 24h suivant le trauma , puis plus tard sous forme de debriefing peut aider à éviter le développement d’un stress aigü, voir d’un stress post-traumatique aux lourdes conséquences.
Pour en savoir + sur le stress post-traumatique c’est par ici.
Pour consulter les conclusions de l’étude, c’est ici
Interview de Babette Declerck, psychologue du réseau Geo-Psy, sur la thématique de l’importance de décrocher pendant les vacances :
- Les vacances : est-ce essentiel ? Est-ce un droit ?
A l’heure où la plainte relative au travail, et à ses conditions d’exercice se fait de plus en plus entendre, la perspective des futures vacances en fait tenir plus d’un. Donc oui, c’est souvent essentiel ! Et dans certains cas, pouvoir s’éloigner un temps de son entreprise est même devenu vital pour ne pas perdre pied ! De manière générale et au-delà des situations de souffrance au travail, on ne peut que conseiller à chacun de se préserver, à minima, des vrais temps de « ressourcement » (même brefs) tels que des week-ends prolongés…Car nous ne sommes pas égaux face à la prise de congés. Je pense ici particulièrement à ceux qui enchainent les contrats saisonniers, ou encore aux travailleurs indépendants pour qui il n’est pas toujours envisageable de jouir pleinement de vacances en cette période estivale. Car il y a de réels bienfaits ! Les vacances sont pour beaucoup l’occasion de s’aménager des temps de repos psychique, loin du stress quotidien des transports, des dossiers à boucler… Mais c’est aussi un moment privilégié pour se recentrer sur qui fait sens pour soi et que l’on délaisse parfois le reste de l’année faute de temps : Passer du temps en famille, faire des sorties entre amis, découvrir de nouvelles choses, faire du sport ou des aménagements dans son logement… Bref, prendre le temps d’être présent à soi et à ce qui compte à nos yeux. Et bonne nouvelle : Ce type d’activité est idéale pour nous aider à recharger nos batteries psychiques ! Mais pour cela faut-il encore avoir la possibilité de décrocher du boulot lors de ces vacances. Car chacun devrait avoir le droit de pleinement se déconnecter durant ses congés.
Petit détour législatif : Après avoir d’abord été une création de la jurisprudence, le droit à la déconnexion est entré en vigueur le 1er janvier 2017 (article L.2242-17 du Code du travail). Qu’est-ce que c’est ? Le droit pour tout salarié de ne pas être en permanence joignable par son employeur, en dehors de ses heures de travail, pour des motifs liés à l’exécution de son travail, afin de protéger son temps de repos et d’assurer le respect de la vie personnelle et familiale. A noter que les modalités d’exercice du droit à la déconnexion doivent être déterminées au niveau de l’entreprise, par le biais d’un accord employeur-salariés. A défaut d’accord, l’employeur devra élaborer une charte, après avis du comité d’entreprise, ou, à défaut, des délégués du personnel, sous peine de sanction. Pour exemple en juillet 2018, la Cour de cassation a estimé que l’employeur était tenu de verser les indemnités d’astreinte à son salarié dès lors que celui-ci avait l’obligation de rester en permanence disponible. Pour la Haute Juridiction, le seul fait de devoir rester connecté en dehors de son temps de travail suffit à définir une période d’astreinte, dont le salarié doit être indemnisé.
- A quelle fréquence devrions-nous lever le pied ? Quelle est la durée idéale pour profiter des bienfaits des vacances ?
J’ai tendance à dire qu’en matière de fonctionnement humain, il est difficile de préconiser de bonnes pratiques. Nous sommes tous différents et nos modes de fonctionnement optimal le sont tout autant. Les vacances c’est comme le sport ! Certains sont plus à l’aise dans le marathon, d’autres dans le sprint…. Ainsi, dans l’idéal certains auraient plus besoin de breaks courts mais réguliers, alors que d’autres ont besoin d’une longue période de recul avant de reprendre son rythme de fond. Le tout est d’abord de se connaitre et d’essayer de composer au mieux avec le fonctionnement de son organisation de travail… Mais cela n’est souvent pas simple. Il faut se rendre à l’évidence : Rare son ceux qui choisissent librement et sans aucune contrainte l’organisation de leurs périodes de repos ! A ce que j’entends en consultation, pour parvenir à déconnecter au moins une fois par an des préoccupations professionnelles un minimum de deux semaines consécutives est souvent souhaité. J’aurais pour ma part tendance à dire qu’au-delà de la quantité de vacances, c’est la qualité qui fait souvent la différence. Car le succès d’une tentative de déconnection dépend aussi de la façon dont on occupe et on organise son temps de repos. En effet, il parait plus facile de déconnecter du quotidien durant 6 jours lors d’un camping en pleine forêt et sans réseau que si l’on passe 3 semaines chez soi à passer chaque jour devant son entreprise et à croiser à chaque matin à la boulangerie ses collègues, clients…
- Avez-vous des astuces pour arriver à profiter des vacances sans penser aux 500 mails et à la charge de travail qui nous attendent à notre retour ?
Plusieurs pistes là encore : Chacun à un mode de fonctionnement différent, et c’est dans la connaissance de soi que se trouve le mode d’emploi du lâcher prise ! Pour certains l’essentiel va être dans la préparation de l’absence. Savoir que l’on a un collègue bien briefé sur ses dossiers, une liste des choses à faire les plus importantes prêtes pour être bien organisé à son retour…. Toutes ces petites choses peuvent calmer les plus anxieux ou les « accros du contrôle » … Pour d’autres le lâcher prise s’opère à grand renfort d’activités relaxantes telles que le yoga, la médiation…. Pour d’autres cela va passer par des vacances bien remplies où l’on jongle d’une activité à l’autre, comme pour détourner ses pensées des tracas du quotidien…. De manière générale, je donnerai le même conseil que pour faciliter le moment du coucher des enfants : La mise en place de rituels ! C’est dans ce cas une aide utile qui montre à notre cerveau qu’il peut quitter le mode pilote automatique « métro-boulot-dodo ». Pour cela à vous d’être créatif et de vous demander ce qui pour vous est synonyme de vacances. Pour certains cela peut être les barbecues, déguster des mojitos en terrasse… Pour d’autre une escapade à la mer, ou au zoo en famille… Ou même avoir l’occasion de faire le grand ménage à la maison, au jardin ou le tri dans les vêtements trop petits des enfants…. Quel que soit votre « rituel » vacances, n’attendez pas pour le mettre en œuvre ! Le lancer dès le début de vos congés peut vous aider à rentrer pleinement dans cette période ! Et si vous n’en avez pas encore, c’est peut-être le moment de mettre en place de nouvelles traditions !
Merci à Babette de nous avoir accorder du temps !
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